Ian le dénigre souvent quant à son apparence, qu’il juge féminine, lui envoie sans cesse des textos pour savoir où il est et lui emprunte souvent de l’argent sans jamais le rembourser. Jean se sent anxieux, a de la difficulté à se concentrer et remet en question leur relation. Il se demande si ce qu’il vit est normal : « Je ne peux pas être victime de violence conjugale : on est deux hommes! C’est clair que les choses sont plus intenses que dans les couples straight. » Il hésite à en parler par peur d’être ridiculisé et se dit qu’il devrait être capable de trouver une solution par lui-même…
L’équipe de recherche recommande de rendre plus inclusives les politiques sociales en matière de violence conjugale.
Cette situation est un exemple parmi d’autres illustrant les expériences des 23 hommes rencontrés dans une étude qualitative sur la violence dans les relations intimes ou amoureuses entre hommes en contexte de séparation. Pour la majorité des hommes, la violence, qu’elle soit psychologique, physique, sexuelle ou économique, était déjà présente durant la relation. Une phase d’ambivalence, avant la séparation, semble propice à l’augmentation ou à l’aggravation de la violence.
D’autres facteurs peuvent augmenter les risques, dont les représentations hétéronormatives de la violence conjugale et les rapports de pouvoir pouvant découler de différences entre les partenaires (ex. : parcours migratoire, état de santé). Plusieurs obstacles à l’accès aux services ont aussi été documentés, notamment le manque de dépistage de la violence.
L’équipe de recherche recommande notamment de rendre plus inclusives les politiques sociales en matière de violence conjugale et de miser sur des actions de sensibilisation ciblant la violence dans les relations intimes ou amoureuses entre hommes, afin de reconnaître l’existence de cette violence, d’offrir des services inclusifs et adaptés, et ainsi de mieux répondre aux besoins de ces hommes.
Chercheure principale
Valérie Roy, Université Laval
Dépôt du rapport de recherche : septembre 2020