Dans son laboratoire de l’institut Lady Davis de l’Hôpital général juif affilié à l’Université McGill, la chercheuse Sonia del Rincon tente de barrer la route aux métastases via l’inhibition des kinases MNK1 et 2, deux molécules qui déjouent les sentinelles immunitaires chargées de combattre les cellules cancéreuses.
Ça a été une petite révolution dans le domaine de la recherche sur le cancer: depuis une dizaine d’années, l’immunothérapie fait partie de l’arsenal thérapeutique contre le cancer. Cette technologie utilise les forces du système immunitaire du patient pour lutter contre la maladie. Mais avec le temps, une certaine résistance s’installe et les cellules métastatiques peuvent déjouer les cellules immunitaires.
L’équipe de Sonia del Rincon s’intéresse à des molécules produites en quantité anormale par les cellules tumorales — MNK1 et MNK2. Dans le mélanome et le cancer du sein, de nombreux gènes sont mutés et on observe une suractivation de ces deux kinases, précise-t-elle. Cette surexpression de MNK 1 et 2 est notamment associée à la production de protéines qui « alimentent » la prolifération des cellules cancéreuses et leur propagation vers d’autres organes.
Peut-on les faire taire? C’est ce à quoi s’affaire la scientifique depuis 2018. Les résultats encourageants obtenus chez les souris permettent de croire que oui. Les tumeurs des animaux auxquels on administre des inhibiteurs de kinases grossissent moins rapidement. Et l’espérance de vie de ces sujets augmente.
Si les études précliniques laissent espérer de bons résultats chez l’humain, on est encore loin de la recette miracle, tempère la scientifique. «Notre espoir est qu’un jour on verra les inhibiteurs de MNK1 et 2 en combinaison avec l’immunothérapie chez des patients présélectionnés pour le mélanome uvéal, par exemple», indique la chercheuse.
Référence
https://www.quebecscience.qc.ca/partenariat/barrer-la-route-aux-metastases/