Au Québec, l’anglais intensif (AI) est aujourd’hui offert à environ 15 % des élèves des centres de services scolaires francophones. Toutefois, la recherche visant à mieux comprendre la littératie et son développement lors d’un programme d’AI est limitée.
Cette recherche visait donc à contribuer à notre savoir sur les effets de l’AI quant au développement de la littératie plurilingue pour TOUS les élèves. Elle a permis de découvrir que la plupart des enseignant.es en service ne semblent pas croire en l’effet bénéfique de la langue première (L1) sur le développement de la littératie en langue seconde (L2), et que pour développer la littératie chez leurs élèves, ils utilisent surtout un seul texte oral. Les interactions avec la langue en classe ne reflètent donc pas celles auxquelles les élèves sont confrontés au quotidien, que ce soit en ce qui concerne les langues ou bien le matériel utilisé.
L’équipe de recherche a également mené un projet pilote ayant pour but de vérifier la validité de tests pour mesurer la lecture et l’écriture en français L1 et anglais L2 de participants de 6e année du primaire, puis le projet de recherche lui-même. Les données recueillies sont encore en préparation, mais permettront d’évaluer le développement des compétences en littératie en français L1 et en anglais L2 au début et à la fin de la période d’AI. L’accès aux élèves n’ayant pas suivi l’AI n’était pas possible, donc aucune comparaison ne peut être effectuée entre ces deux profils d’élèves.
La chercheuse et sa collaboratrice ont également développé des tâches langagières, lesquelles les ont menées à élaborer un modèle qui peut être utilisé pour élaborer d’autres tâches de littératie afin d’aider les enseignant.es voulant développer des compétences en littératie (plurilingues) chez leurs élèves. Elles ont constaté qu’il est très important d’avoir des informations précises et didactiques pour motiver chaque étape pour que les futures tâches, élaborées par les enseignant.es, puissent être classées comme des tâches de littératie complexe.
Afin de réellement connaître les retombées des tâches sur le développement de la littératie (plurilingue), il semble qu’un projet de plus grande envergure serait nécessaire, projet qui nécessiterait un soutien important de la part du gouvernement pour en assurer la faisabilité en salle de classe. De plus, il serait important pour les enseignant.es d’être formé.es et outillé.es pour offrir des expériences de littératie plus larges aux enfants. Toutefois, l’élaboration de tâches de littératie complexe nécessite une formation soutenue. Au lieu de miser sur l’élaboration par les enseignant.es, le système d’éducation y gagnerait sûrement si des tâches pouvaient être élaborées et partagées par l’intermédiaire de pistes plus formelles.
Chercheuse principale
Philippa Bell, Université du Québec à Montréal
Dépôt du rapport de recherche : mars 2024