Encore peu connue au Québec, l’idée de jumeler des apprenants d’une langue seconde et des locuteurs natifs (ou locuteurs compétents dans la langue cible) s’impose de plus en plus à travers le monde. Les élèves impliqués dans un jumelage virtuel s’entraident en partageant moitié-moitié le temps de parole en langue seconde et en langue première. Ce partage constitue globalement l’objectif de l’apprentissage en tandem, dénommé eTandem, dont la mise en œuvre se fait à l’aide de plateformes et d’outils numériques.
C’est cette approche pour l’apprentissage de l’anglais et de l’espagnol en milieu scolaire québécois qu’explorent depuis trois ans des professeurs à l’Université Laval. Dans un cours intensif d’anglais de 6e année au primaire, des élèves québécois ont échangé, par exemple, avec de jeunes australiens apprenant le français. « On se donnait des corrections, on s’aidait, moi je l’aidais en français comme elle m’aidait en anglais » rapporte une élève. « Je trouvais ça super intéressant » et d’ajouter « je suis contente d’aider quelqu’un d’autre à apprendre le français parce que je trouve que c’est quand même une belle langue aussi ». Pour Noël les élèves de ces classes se sont même envoyés des cadeaux ayant pour but de représenter cette fête dans leurs pays respectifs.
Les échanges eTandem posent pourtant des défis. Les enseignants doivent gérer les échanges, collaborer avec un partenaire à distance, guider les élèves. Ce sont des compétences pédagogiques du 21e siècle qu’il faut apprendre à maîtriser. À l’ère du numérique, l’apprentissage des langues peut se faire différemment… et du côté des enseignants émerge un tout nouveau rôle, celui de faciliter chez les élèves la capacité à s’intégrer à la communauté cible des locuteurs natifs.
Chercheuse principale
Susan Parks, Université Laval
Dépôt du rapport de recherche : décembre 2023