La crise du logement est sans précédent.

Au Québec, la politique gouvernementale de prévention en santé positionne le logement comme une stratégie pour des communautés saines et sécuritaires ainsi que pour l’amélioration des conditions de vie favorables à la santé. Les habitations sociales, communautaires et coopératives contribuent largement à la stabilité résidentielle et à une expérience collective de participation sociale.

Cette étude a permis, à partir de 126 entrevues auprès de personnes locataires de neuf régions du Québec et de groupes d’intervenants ainsi que de gestionnaires, de dresser le portrait le plus fidèle et juste de l’expérience des personnes et des intervenants. Il en ressort que les besoins exprimés par les personnes correspondent aux besoins perçus par les équipes d’intervenants et de gestionnaires. Cette cohérence représente un facteur clé de réponse à la diversité et à la complexité des besoins des personnes avec différentes trajectoires de vie.

Avec la pandémie, les problématiques personnelles ont été exacerbées. Les intervenants ont fait preuve d’innovation, de créativité et d’audace pour répondre collectivement à la crise sociosanitaire. Les personnes, pour une grande majorité, font face au vieillissement, vivent un grand isolement, souhaitent vieillir en santé et rester chez elles. Elles expriment une satisfaction globale par rapport à leur milieu de vie, surtout lorsqu’elles sont considérées, consultées et prennent part aux décisions qui les concernent. Vivre en logement social vient avec son lot de stigmatisations. La fierté, la dignité et le sentiment d’appartenance viennent avec la qualité des lieux physiques, l’humanisation des services et l’accès à un lien privilégié avec un intervenant du milieu de vie ainsi qu’à plusieurs ressources pour pouvoir vivre « comme les autres ». Les personnes locataires ont développé une grande capacité d’entraide, de bienveillance collective et de solidarité. Les intervenants qui accompagnent les personnes dans leurs défis favorisent l’exercice du pouvoir d’agir et mobilisent les comités et les associations de locataires autour d’enjeux collectifs de qualité de vie, d’intégration et de participation sociales.

Trois enjeux principaux menacent les retombées de ces pratiques : l’offre des pratiques, la méconnaissance du rôle des intervenants et les défis dans l’organisation des communications intersectorielles. Des stratégies intertenures de partage des savoirs et des pratiques sont proposées pour renforcer l’intensité de l’offre et créer des synergies et des alliances pour contrer le roulement de personnel. Des arrimages Université-milieu peuvent apporter une contribution aux milieux de vie en plus de former la relève et de promouvoir la reconnaissance de cette pratique. Le renforcement des voies de passage entre les services des réseaux publics et communautaires peut améliorer les trajectoires, les transitions et le bien-être des personnes, qui vivent en contexte de précarité financière et sociale au Québec.

Une attention particulière aux groupes issus de la diversité culturelle, aux peuples des Premières Nations et Inuit et aux personnes vivant avec des handicaps est attendue. En conclusion, approche de prévention unique du Québec, le logement subventionné avec soutien communautaire est une question de justice sociale et devrait constituer un droit; il contribue à l’équité, à la réduction des inégalités économiques, culturelles, sociales et de santé et à la création de réseaux dynamiques formels et informels qui produisent des impacts sur la qualité de vie.

Chercheuse principale
Judith Lapierre, Université Laval

Résumé

Rapport de recherche

Appel de propositions

Dépôt du rapport de recherche : janvier 2024