Que ce soit dans le passage du primaire au secondaire ou celui du secondaire au collégial, les élèves ont peine à comprendre les nouvelles exigences à l’entrée à un ordre scolaire et cela a nécessairement des conséquences (ex. décrochages scolaires, abandons de programmes scientifiques, etc.).
Toutefois, les élèves ne sont pas les seuls concernés par ces difficultés de transition. Dans les faits, les transitions se révèlent difficiles aussi pour le personnel enseignant. Les enseignants et les enseignantes qui accueillent les élèves provenant d’un autre ordre scolaire font face à des élèves qui n’ont soit pas tous vu les mêmes notions, ou bien alors pas de la même façon. La grande diversité des élèves en termes de préparation à l’entrée à un nouvel ordre et l’impossibilité de communiquer avec les collègues de l’autre ordre représente un défi de taille. Certains et certaines ont d’ailleurs tendance à reprocher, à l’ordre précédent, le manque de préparation des élèves.
Le passage d’un ordre à l’autre est tout d’abord une transition entre différentes cultures mathématiques.
Notre recherche montre l’importance de sortir de cette logique, soit celle de jeter le blâme sur l’ordre qui précède. Les problèmes de transition en mathématiques sont plus complexes. Chaque ordre d’enseignement possède ses propres manières de faire et de concevoir les mathématiques. Le passage d’un ordre à l’autre est tout d’abord une transition entre différentes cultures mathématiques.
Dans cette optique, les transitions scolaires en mathématiques s’avèrent particulièrement difficiles puisqu’elles s’accompagnent d’une accumulation de microruptures (terme emprunté à Praslon, 2000) dans la manière de présenter et de donner sens aux objets mathématiques, dans le changement des règles du jeu mathématique et dans les pratiques d’enseignement liées au contenu mathématique. Toutes sortes de circonstances, propres à chaque ordre, façonnent les manières dont on fait les mathématiques et affecte le sens que prennent les objets mathématiques.
Le projet de recherche ARIM repose sur une mise en dialogue entre des enseignants et des enseignantes de mathématiques. Par un engagement collectif (personnel scolaire et équipe de recherche), nous cherchons à mieux comprendre les manières de faire des mathématiques à chaque ordre (primaire, secondaire et collégial). Ce faisant, nous nous demandons quel aménagement organiser 1) pour favoriser les échanges entre enseignants et enseignantes et 2) pour accompagner les élèves dans le passage d’un ordre à l’autre.
Chercheure principale
Claudia Corriveau, Université Laval
Dépôt du rapport de recherche : janvier 2020