Depuis des centaines d’années, l’exploitation des minerais dans le monde se fait dans les gisements qui se trouvent en surface. Cependant, au cours des dernières années, aucun gisement majeur n’a été découvert à ce niveau. Or, plusieurs minéraux sont essentiels à notre sécurité économique et nécessaires pour permettre la transition vers une économie à faible émission de carbone.
Pour mieux identifier de nouveaux gisements, Crystal Laflamme, professeure de géologie et de génie géologique à l’Université Laval, mise sur de nouvelles méthodes d’exploration qui passent par l’étude de la façon dont les gisements en profondeur se forment. L’objectif final ? Cibler plus précisément les gisements potentiellement exploitables. Or, comme ceux-ci se trouvent souvent dans des endroits très éloignés et qu’il faut forer avant même de savoir s’ils renferment suffisamment de matériaux à extraire, les industries souhaitent gagner du temps et réduire le risque financier inhérent à ce type de gisements.
Pour ce faire, la professeure Laflamme et son équipe ont utilisé le soufre, un des fluides qui transportent les métaux précieux et critiques dans la croûte terrestre (dont l’or) et les précipitent dans des « pièges » ensuite exploitables. Les scientifiques voulaient comprendre les processus et les réactions qui contrôlent ces mouvements dans la croûte terrestre et qui concentrent les métaux. Ils ont d’abord caractérisé la réaction chimique qui se produit à des kilomètres de profondeur dans la croûte et qui libère le soufre pour former des gisements riches en sulfures. Les réactions entre fluides et roche sont étudiées en utilisant les isotopes de soufre et sont par la suite comparées à celles des gisements en surface. Cette signature permettra d’identifier les gisements prometteurs.
Les scientifiques poursuivent en ce moment leurs recherches en collaboration avec le ministère des Ressources naturelles et avec les grands joueurs de l’industrie minière, afin de caractériser la signature isotopique du soufre menant à des gisements d’or et à d’autres minéraux critiques potentiellement exploitables.
Référence : Herzog, M., LaFlamme, C., Beaudoin, G., Barré, G., Martin, L. et ·Savard, D. « Fluid‑rock sulfidation reactions control Au‑Ag‑Te‑Bi precipitation in the Val‑d’Or orogenic gold vein field (Abitibi subprovince, Canada) ». Springer Publisihing, Mineralium Deposita, février 2024. DOI:10.1007/s00126-024-01247-6