Au sortir de la COP 15 qui se tenait récemment à Montréal, on réalise que dans un monde en rapides transformations, où les périls environnementaux exacerbent plus que jamais les disparités sociologiques et économiques, les recherches menées dans nos secteurs sont non seulement indispensables, elles sont urgentes. Elles permettent de mieux hiérarchiser les enjeux, de les saisir dans leur complexité et leurs interconnexions. Elles permettent aussi le déploiement de réseaux et de partenariats de recherche diversifiés dans leurs approches et leurs perspectives. Elles font émerger des pistes de solutions adaptées à la complexité et à la diversité des situations, et ce, sur le long terme. Elles permettent en outre de construire du sens et de se donner une direction dans un monde où défilent, en accéléré, catastrophes naturelles et sanitaires, conflits politiques internationaux, menaces aux institutions démocratiques, clivages idéologiques croissants, pression démographique, infox (fausses nouvelles) sur les médias sociaux, etc.
Dans ce contexte, l’un des grands dossiers sur lesquels nous allons nous concentrer porte précisément sur les défis de la recherche comme telle. Outre son financement qui reste une constante préoccupation, plusieurs aspects vont retenir notre attention en 2023 : la liberté académique (soulignons que nous avons lancé l’automne dernier, conjointement avec le CNRS, une Chaire de recherche franco-québécoise sur la liberté d’expression); la science ouverte qui vise notamment à rendre immédiatement accessibles les publications en ligne; l’avenir du français dans la recherche et les publications scientifiques; l’impact de l’intelligence artificielle et des agents conversationnels issus de l’intelligence artificielle (notamment les ChatGPT) sur l’évaluation de la recherche; l’ouverture à de nouvelles disciplines et approches pour répondre aux défis de société tout en assurant le maintien des champs et des expertises où nous excellons en recherche fondamentale. C’est en poursuivant inlassablement un idéal d’excellence que nous continuerons de développer différents forums de discussion avec notre communauté de la recherche et avec les grandes agences internationales qui sont, comme nous, aux prises avec les changements démographiques et les contextes technologiques qui transforment la recherche.
Dans la foulée des grands chantiers qui nous ont permis de mettre sur pied l’an dernier le Réseau de recherche en économie circulaire du Québec, nous lancerons aussi prochainement la Chaire de recherche en économie créative et mieux-être et travaillons actuellement au développement d’un appel de propositions en vue de créer un Réseau de recherche en économie sociale. Ce secteur où le Québec a été pionnier reste encore assez méconnu bien qu’il ait démontré son importance en période de pandémie. Conjuguant diverses expertises, ce réseau permettra de développer et de mettre en valeur de multiples innovations sociales.
L’année 2023 nous verra aussi confirmer plus significativement le leadership des Peuples autochtones en recherche, et ce, avec le soutien du groupe de travail interFonds et interordres que les FRQ ont constitué l’an dernier et dont les travaux sont soutenus par une professionnelle récemment recrutée à cette fin. Je tiens d’ailleurs à souligner, avec émotion, une bien triste nouvelle, soit le décès d’une membre très active de ce groupe, Élisabeth Kaine. Artiste, designer, auteure, rare chercheuse universitaire d’origine autochtone, madame Kaine était co-titulaire de la Chaire UNESCO en transmission culturelle chez les Premiers Peuples comme dynamique de mieux-être et d’empowerment. Elle était aussi une conseillère scientifique très appréciée du FRQSC.
Je profite de ce petit mot pour saluer et remercier le personnel du Fonds, toujours aussi engagé et agile, à l’écoute de la communauté de la recherche.
Et je vous souhaite à toutes et à tous une année 2023 inspirée, à la hauteur de vos attentes.
Louise Poissant