Responsable :
Stéphane Bayen
Établissement :
Université McGill
Année de concours :
2021-2022
Programme intersectoriel AUDACE
Concours 2021-2022
Stéphane Bayen, Université McGill, Responsable
Philippe Apparicio, Institut national de la recherche scientifique [INRS], Cocandidat
Géraldine Delbes, Institut national de la recherche scientifique [INRS], Cocandidate
Disciplines : Chimie; Endocrinologie
Objets : Santé environnementale; Polluants chimiques
Secteurs de la recherche : Sciences naturelles et génie; Sciences humaines et sociales; Sciences de la santé
Table des matières
1. RÉSUMÉ DU PROJET
L’Organisation mondiale de la santé définit les perturbateurs endocriniens (PEs) comme des substances ou des mélanges exogènes qui altèrent les fonctions du système endocrinien et induisent des effets nocifs sur la santé d’un organisme ou de ses descendants. De nombreuses molécules synthétiques, utilisées en tant que pesticides, plastifiants ou retardateurs de flamme ont été identifiées comme PE chez l’humain. Bien que certains PEs ont été caractérisés dans les aliments ou les cosmétiques, l’exposition aux PEs par inhalation reste quasiment inconnue. Quelques études ont détecté certaines familles de PEs dans l’air de villes. Leur mélange dans l’air urbain, même à l’état de traces, pourrait avoir des effets cumulés sur la santé. Toutefois, l’évaluation du risque des mélanges de PE constitue actuellement l’un des grands défis, non seulement par manque d’outils de prédiction d’effet, mais surtout parce que la composition des mélanges dans l’air est encore très peu caractérisée. Au même titre que les polluants atmosphériques générés par le transport routier, il est probable que les PEs ne soient pas distribués aléatoirement dans l’espace urbain. Il conviendrait alors d’identifier les espaces présentant les plus hauts niveaux de PEs et de vérifier si, parmi les populations résidentes, certains groupes vulnérables physiologiquement et/ou socioéconomiquement y sont surreprésentés. Le but de ce projet est d’identifier les disparités d’exposition aux perturbateurs endocriniens dans l’air en milieu urbain. Plus spécifiquement, ce projet permettra de : (i) caractériser les mélanges et l’activité de perturbation endocrinienne dans l’air extérieur, en couplant échantillonneurs passifs, analyse chimique non ciblée et tests toxicologiques ; (ii) identifier des mélanges « modèles » de PEs pertinents pour l’évaluation du risque en santé humaine ; (iii) cartographier par interpolation les concentrations des mélanges de PEs et les risques associés pour l’ensemble du territoire du Grand Montréal ; (iv) identifier les territoires et les populations les plus exposés ; (v) identifier les caractéristiques de la forme urbaine associées à la concentration des PEs. Pour répondre à ces objectifs, une équipe intersectorielle, interdisciplinaire et avec des expertises méthodologiques variées a été formée, abordant la pollution urbaine sous différents angles : la chimie environnementale (Stéphane Bayen), l’équité environnementale (Philippe Apparicio) et la toxicologie environnementale (Géraldine Delbès). Ce projet aura des retombées importantes tant scientifiques qu’auprès des décideurs en santé publique et des planificateurs urbains. En établissant un premier état des lieux de l’exposome aux PEs par l’air, l’approche proposée constituera une rupture avec l’approche traditionnelle de surveillance de l’effet de la pollution sur la santé. Ce projet permettra d’évaluer l’exposition aux mélanges de PEs par l’air et leurs effets de manière plus globale, ainsi facilitant l’évaluation du risque et la mise en place de recommandations pour réduire l’exposition. Au niveau social, ces données uniques permettront de vérifier l’existence ou non d’iniquités environnementales relativement à l’exposition aux PEs. Il est possible que certains de groupes de population plus vulnérables physiologiquement et socioéconomiquement résident dans des secteurs à des niveaux de PEs plus élevés, auquel cas une réflexion sur la définition de mesures de réduction ou de mitigation devrait être menée.