Responsable :
Philippe Sarret
Établissement :
Université de Sherbrooke
Année de concours :
2019-2020
Recherche intersectorielle – Programme Audace
Concours 2019-2020
Composition de l’équipe:
Philippe Sarret (Université de Sherbrooke), responsable
Patrice Masson (Université de Sherbrooke), co-chercheur
Nicolas Quaegebeur (Université de Sherbrooke), co-chercheur
Domaine : Neurosciences, santé mentale et toxicomanies
Secteurs de la recherche : Sciences naturelles et génie; Sciences de la santé
Table des matières
1. Résumé du projet
La douleur constitue une expérience sensorielle complexe qui peut avoir une multitude de causes. Fondamentalement utile pour protéger l’intégrité physique de notre organisme, la douleur peut cependant affecter grandement la qualité de vie lorsqu’elle devient chronique. À ce jour, les douleurs représentent près de 80 % des consultations médicales. Cependant, au cours des consultations, le médecin ne dispose pas d’appareil de mesure permettant de corroborer son diagnostic clinique, contrairement à ce qui est disponible pour évaluer les problèmes cardiaques ou déterminer la présence de fractures, par exemple. Il ne peut que demander au patient ou à la patiente de décrire les caractéristiques de sa douleur, d’en indiquer l’intensité sur une échelle de 1 à 10 et ne dispose pas d’autres options pour interroger directement et localement les structures nerveuses qui transmettent l’influx douloureux. C’est un problème, car la ou le médecin manque d’outils pour établir un diagnostic précis et par le fait même mettre en place un traitement à la fois efficace et sécuritaire.
Dans ce contexte, nous proposons de révolutionner le diagnostic et la gestion des douleurs en combinant les expertises de deux groupes œuvrant dans des sphères complètement distinctes : d’une part, le Groupe d’acoustique de l’Université de Sherbrooke (GAUS), reconnu internationalement dans le domaine des ultrasons; et d’autre part, l’Institut de pharmacologie de Sherbrooke (IPS), et son expertise en neurophysiologie de la douleur.
Il faut savoir que l’information douloureuse est transmise au cerveau par les nerfs périphériques via la génération d’une activité électrique. Pour la première fois, nous avons l’intention de détecter le passage de ce signal électrique en appliquant un champ magnétique pour générer de faibles ondes ultrasonores. En situation de douleur, le patron d’influx émis par le nerf est différent. En mesurant sa signature ultrasonore, nous pourrons donc en apprendre davantage sur les causes de cette douleur. De plus, il nous sera possible de réduire la douleur en émettant des ultrasons qui provoqueront des microdéplacements du nerf, affectant ainsi sa capacité à envoyer des stimuli douloureux.
Cet ambitieux projet permettra aux médecins d’accéder non pas simplement à des informations qualitatives, mais à des données quantitatives sur la douleur ressentie par leurs patient.es. Cela se traduira par des diagnostics plus précis qui permettront d’adapter le traitement à la condition du patient, de réduire la quantité d’opioïdes prescrits et d’offrir un traitement non pharmacologique par écho-thérapie de la douleur. Le tout aura donc pour effet d’améliorer la qualité de vie des 20 % de la population aux prises avec des douleurs chroniques. Au-delà de l’innovation médicale, ce projet aura également des répercussions sur le plan sociétal et économique. Il permettra en effet de répondre aux enjeux reliés à la crise des opioïdes, à la perte de productivité associée aux douleurs chroniques et de réduire les coûts du système de santé.